En dehors de Paris : Le mont Saint-Michel

Publié le par la guide du rout'art

293400_10150258207776886_727671885_7840211_5119758_n.jpg Car les plus beaux endroits ne sont pas concentrés dans Paris, on prend un bus ou un train, voire les deux pour arriver au mont Saint-Michel. Considéré comme l'un des plus beaux sites français, placé au patrimoine mondial de l'Unesco, le mont permet de mêler sortie culturelle et évasion nature. 

L'entrée dans le village se fait en passant devant l'inévitable enseigne de la mère Poulard. Au départ simple hotel-restaurant repris par une humble femme de ménage, aujourd'hui, l'enseigne se décline en snack, boutique de souvenir et semble détenir plus de la moitié des boutiques du village. De plus, elle est la propriété du maire de la commune. Evidemment, les prix explosent alors que la qualité baisse et il semble devenu impossible de trouver un bon restaurant sans sortir du mont. 

Pour éviter la foule qui se presse dans la grande rue, finalement trop étroite pour le nombre de visiteurs, nous prenons les escaliers escarpés et les ruelles si petites que seule une personne peut passer et encore... Alors, la magie commence à agir. Les constructions en pierre brute semblent etre nées de ce rocher et racontent toutes une histoire millénaire. Au sommet, la visite de l'abbaye est le clou du spectacle. 

Ce bijou d'architecture s'est construit au fil des siècles à partir du Xe siècle et joue entre les règles d'organisation d'une abbaye et les contraintes topographiques. A la suite d'un labyrinthe de salles toutes différentes dans leurs modes de construction, au niveau supérieur, l'église et le cloître gothiques sont les deux éléments majeurs d'une abbaye, lieux de culte et de méditation pour les moines. Alors qu'en théorie, le cloître est un espace clôt, il s'ouvre ici sur une vue splendide de la baie mais ce détail est en réalité dû à un manque d'argent pour finir la construction. Encore aujourd'hui, une communauté religieuse assure les offices de l'église. Si vous y allez au moment de la messe, vous pourrez entendre les chants religieux dans l'église, c'est presque surnaturel. 

L'autre atout du mont est la magnifique baie qui l'entoure. Nous prenons un guide, et nous engageons dans cette étendue de sable pour une balade à la fois culturelle et sensorielle. En effet, nous sommes pieds nus et nous marchons sur un sol très particulier, la tangue. Nous découvrons les particularités des sables mouvants et nous enfonçons jusqu'aux genoux, heureusement, le guide est là pour nous expliquer comment en sortir. Nous traversons plusieurs cours d'eau, rarement très profond mais avec du courant pour finalement arriver au rocher de Tombelaine, aujourd'hui réserve naturelle ornithholigique. 

Nous abordons alors la question des travaux de désensablement du mont. En effet, ce site subit aujourd'hui les conséquences des modofications apportés par l'homme, notamment la construction des polders qui accélère l'ensablement du mont et le développement des herbus (ou pré-salés). Le but de ces travaux est de redonner à la baie son caractère maritime. A terme, le but est d'enlever le parking au pied du mont et l'éloigner de plusieurs kilomètres. Mais finalement, le site sera aussi dénaturé car le mont n'a jamais été constamment dans les eaux et ce genre de visite dans la baie devendra sans doute impossible. 

N'y a-t-il pas un but lucratif dans tous ces travaux ? Sans doute. C'est le défaut que prend le site. Les "musées" ont l'air d'attractions pour touristes étrangers et les boutiques enlèvent beaucoup au charme du lieu. Ici, on peut alors se poser la question, à force de vouloir trop mettre en valeur un site tel que le mont Saint-Michel, ne risque-t-on pas au contraire de l'abimer ou de le dénaturer ? 

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